Le soldat français pendant la guerre
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- Le soldat français pendant la guerre
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Le soldat français pendant la guerre [texte imprimé] / Georges Scott
Trois portefeuilles de cinq reproductions photomécaniques de dessins au crayon, à la plume et au fusain avec rehauts d’aquarelle. Impression en sépia sur Infolio (59 X 44 cm), vélin d’Arche blanc, bistre ou bleu selon les estampes. [Sans date], probablement vers 1920. Tirage N°22/300 (1 est. manquante), Signé par l’artiste sur les trois tables des matières. Provenance : Ecole d’art professionnelle de jeunes filles (créée en 1885). Versé au cabinet des estampes et des dessins du musée des Beaux-Arts de la Société Industrielle de Mulhouse (1864 – 1940) sous le N°908.
L’un des meilleurs illustrateurs de presse de son temps.
Peintre de formation classique, Georges Bertin Scott de Plagnole (1873 – 1943), est, à partir de 1892, reporter pour le grand magazine parisien « L’Illustration ». Par son crayon alerte, aidé de la photographie, il se distingue rapidement de la palette de talents recrutés par le journal, contribuant ainsi à l’actualité sur le vif et en images succès mondial du titre.
Il en devient le correspondant de guerre aux côtés des unités françaises lors de leur entrée en Alsace le 7 août 1914. Il crée, pour la Une de son journal, une image qui va devenir l’une des icônes du conflit : une jeune fiancée alsacienne s’abandonnant dans les bras d’un beau lieutenant décoiffé par le vent de la bataille. Cette illustration du grand style épique de la peinture militaire jette un voile romantique sur l’offensive qui tente inutilement de libérer Mulhouse. La réalité terriblement meurtrière du conflit va, en quelques mois, mettre cette imagerie en défaut.
« La guerre, cela ne se peint pas comme une pomme ».
Comme le peintre Félix Vallotton, auteur de cette réflexion, l’incontournable Scott est intégré aux « missions d’artistes aux armées » que le Sous- Secrétariat aux Beaux-Arts a imposé aux armées dans l’espoir de disposer de véritables œuvres d’art donnant la mesure du conflit. Les trois portefeuilles trahissent la persistance d’un choix très conservateur. Dans la lignée d’Auguste Raffet (1804 – 1860) ou de son maître Edouard Detaille (1848 – 1912) Scott héroïse les combattants métropolitains et coloniaux en les glissant dans la peau des volontaires déguenillés de l’An II, dans les décors anachroniques des combats d’août 1870. Sa peinture ne cherche pas à retranscrire ce que l’historien Antoine Prost a qualifié, à propos de Verdun, de « transgression des limites de la condition humaine » mais à glorifier le combattant français dans le prolongement de son histoire multiséculaire.
Son dessin précis, représentatif et presque documentaire, respecte l’intégrité des corps, établit les différences de conditions sociales entre officiers et soldats et ennoblit la réalité. C’est sans aucun doute ce qui vaut l’achat des fascicules par l’institution mulhousienne attachée, comme le Comité des Beaux-Arts de la Société Industrielle dont elle dépend, aux courants esthétiques antimodernes.
Illustrations
Bataille de Mulhouse, couverture de l’Illustration datée du 8 août 1914.
I/5 L’apparence des soldats évolue du pittoresque « pioupiou » de 1914 au poilu casqué et barbu de 1916 et aux fiers cavaliers encore montés mais dont l’uniforme est purgé de toute décoration. Scott y oppose des portraits anthropologiques de leurs adversaires ainsi transformés en ennemis. -
II/3 Tirailleurs algériens. Le cavalier bouchonnant sa monture paraît surpris par la montée en ligne de l’armée coloniale dont la force emblématisée rassure tant les Français. -
III /2 A l’auberge (Haute-Alsace) 1917. Le moment de convivialité des chasseurs alpins, intrépides combattants des Hautes Vosges, est placé dans le décor typique d’un village sundgauvien rendu intact par la plume de l’artiste.
Prolongements :
Antoine PROST, Les représentations de la guerre dans la culture française de l’entre-deux-guerres. In : Vingtième siècle, revue d’histoire, n°4, janvier-mars 1994. La guerre de 1914-1918. Essais d’histoire culturelle. Pp.23-31.
Philippe DAGEN, Le silence des peintres, Paris, Fayard, 1996.
Félix VALLOTTON, Les arts et la guerre, Paris. In : Les écrits nouveaux, 12/1917. Pp 30-37.
Benoit Bruant
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- Vers 1920
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- Le soldat français pendant la guerreScott, Georges 1873-1943
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