[Souscription au profit des ouvriers sans travail]
-
- Archives de Mulhouse
informations détaillées
-
- [Souscription au profit des ouvriers sans travail]
-
-
Ce document date du 28 février 1848, en plein mouvement révolutionnaire. Mettant fin à la monarchie du roi Louis Philippe 1er, la IIe République vient d’être proclamée à Paris le 25 février 1848, après trois jours d’insurrection. Les mulhousiens apprennent la nouvelle le 26 février. Le conseil municipal se réunit d’urgence le jour même, à 22h. Le maire, Emile Dollfus, étant retenu à Paris par son mandat législatif, c’est son premier adjoint, Pierre Thierry, qui prend l’initiative des premières mesures d’ordre public, avec notamment la mobilisation de la garde nationale et l’envoi d’un escadron de cavalerie sur la ville. Le compte-rendu de cette séance du Conseil Municipal relate : « Il [le 1er adjoint] ajoute également que dans la crainte d’une manifestation de la part des ouvriers, parmi lesquels germe depuis longtemps un mécontentement qui parait avoir son origine dans la diminution du salaire dans quelques établissements, et pour éviter les conséquences toujours fâcheuses de cette manifestation, il a demandé dans la journée même l’envoi d’un escadron de cavalerie qu’il attend demain dimanche. »
Face aux évènements parisiens, tout en affichant rapidement leur ralliement à la nouvelle république, les bourgeois mulhousiens ne sont pas sans inquiétude de voir la colère ouvrière s’exprimer en ces temps de forte crise économique ; cela a été le cas quelques mois auparavant, lors de l’émeute mulhousienne du 26 juin 1847 contre la cherté des vivres, appelée Bäckefest (fête des boulangers). Aussi, dès le lendemain, le 1er adjoint propose de mettre en œuvre une souscription pour créer des ateliers pour les ouvriers au chômage. Le compte-rendu du Conseil municipal du 27 février relate : « Il [le 1er adjoint] expose ensuite qu’après avoir pris toutes les mesures propres à prévenir toutes tentatives de désordre, il croit devoir se préoccuper du sort des ouvriers menacés dans leurs moyens d’existence par la crise commerciale qui pourra être le résultat de cette politique qui traverse la France. Il émet l’avis que pour y parvenir plus sûrement c’est peut-être le cas de provoquer une souscription auprès des habitants aisés en même temps que la ville ferait exécuter sur la rivière de la Doller des travaux propres à fertiliser ses rives. »
Mise en place dès le 28 février, cette souscription récolte un montant total de 63 000 francs. Le document fait état de 184 donneurs, pour des dons allant de 10 francs à 10 000 francs pour Dollfus Mieg et Cie. On y retrouve les grands noms des industriels de l’époque, patrons de l’industrie textile ou de la construction mécanique tels Dollfus, Mieg, Koechlin, Naegely, Hofer…
Les mois suivants, les travaux d’endiguement de la Doller, ainsi que ceux du canal de décharge occupent plus de 600 ouvriers au chômage. Les fonds étant épuisés, le Conseil municipal lance une seconde souscription le 31 mai 1848, au caractère quasi-obligatoire, afin de poursuivre l’activité de ces ateliers, le chômage étant toujours à un niveau très élevé. 12 000 ouvriers sont alors sans travail sur un effectif de 35 000. Le nombre de quelques centaines d’ouvriers employés dans ces ateliers semblent ainsi bien faible par rapport à ces chiffres considérables.
-
-
- ark:/35228/006995
- UHA_PHOTOTHEQUE_995
-
- 1848
-
- Références : OBERLE Raymond, « Histoire de Mulhouse des origines à nos jours », 1977 ; « Histoire documentaire de l'industrie de Mulhouse et de ses environs au XIXe siècle », Société Industrielle de Mulhouse, 1902 ; Registre de délibérations du Conseil Municipal de Mulhouse, 1848.
-
- [Souscription au profit des ouvriers sans travail]
-
- JIIHb2